lundi 2 avril 2007 par Le Nouveau Réveil

C'est fait, le dialogue dit direct de OUAGA a produit (lui aussi) ses conclusions. Le contexte lui prête toutes chances apparentes d'aboutir :
D'abord, c'est le dialogue direct du bourreau (?) et de la victime ( ?).
Ceci arrive quand les belligérants eux-mêmes avaient désormais peur d'être " seuls sur le ring " où les Ivoiriens les auraient abandonnés parce que fatigués de l'incessante défiance réciproque, de la gaucherie politique qui porte la jeunesse au vain sacrifice et fatigués de l'insincérité des engagements.
Les bouches réclament la paix, les actes préparent la guerre. Telle était la décevante réalité du traitement et du sort réservés aux différents accords signés, de Marcoussis à Pretoria.. .au nom du peuple ( ?°).
Bien heureusement, aujourd'hui, les penseurs et acteurs de "l'opération dignité" tout comme la grande Armée nationale, fièrement orgueilleuse de son réarmement et de la présence rassurante de ses alliés de Luanda, Pretoria, Kigali etc., sont pris dans l'évidence de ce que " les armes ne peuvent plus avancer ".
Les Forces Nouvelles (FN) trouvent là aussi, une ferme et heureuse prise en compte de leurs revendications, avec en prime, leur réhabilitation par ceux qui les ont hier accusés de tous les crimes du diable dans la crise qu'elles (F N) appellent la guerre " des droits et des libertés ".
L'observation populaire se limite à ce tableau trop simpliste des enjeux du dialogue de OUAGA. Et l'on parle hâtivement, naïvement ou à dessein, de paix des braves obtenue à l'initiative du président GBAGBO.
Il est vrai qu'on est loin de rêver des temps merveilleux d'avec PDCl RDA où le venin de la violence politique et de la flagrante violation des droits de l'homme n'avaient pas encore corrompu la jeunesse innocente et nourri le sectarisme du pouvoir aux vagues de " nouveaux riches fous ".
Mais pour conserver intactes les chances de cet accord, nous refermons vite le débat sur les champs d'ombre comme le sort réservé à cette étrange résolution 1721 du Conseil de sécurité de l'ONU.
Une résolution toujours en application et que le préambule de l'accord de OUAGA engage à respecter (sinon le président Laurent GBAGBO ne serait plus en mandat de transition) mais qui est en même temps violé en ses points relatifs à la présence et à l'intervention des forces impartiales (ONUCI, LICORNE) puis à la nomination du Premier Ministre.
Nous voulons, ici, nous soustraire d'un secret pour éclairer certaines confidences du dialogue de OUAGA à l'effet de permettre aux acteurs politiques et aux observateurs de la crise ivoirienne, de maîtriser l'environnement et les réelles motivations de la surprenante célérité de son aboutissement.
En effet, les différents mouvements au sein des partis de l'opposition ont fini par aiguiser la subtilité politique de chaque leader et celle de l'ensemble de l'opposition politique ivoirienne coalisée au sein du G7:
Ses meilleurs cadres convoités, menacés, agressés ou intimidés ; un Premier Ministre n'est " bon " à prendre que s'il est opposé à l'opposition...
De Seydou Diarra à Charles KONAN Banny, chacun était banni ou acclamé selon que son discours s'ouvrait ou non aux revendications de l'opposition.
Cette situation limitait l'exercice de celui-là qui était censé être le joker de la sortie de crise avec la perspective de l'organisation d'une élection transparente qui abrégerait les souffrances des Ivoiriens.
Tirant leçons de l'incapacité de l'opinion internationale à aller au-delà de simples prises de résolutions, les hommes d'Etat, rompus aux affaires internationales : Henri KONAN Bédié, Alassane OUATTARA et les autres leaders HOUPHOUETISTES, ont entrepris une offensive diplomatique qui leur a permis de cerner le cadrage diplomatique de la crise ivoirienne dans son évolution et d'entreprendre une stratégie nouvelle.
Cette stratégie devra prendre en compte les secrètes aspirations du président GBAGBO afin de mieux les contrôler, et de leur donner une orientation de jeu politique qui soit profitable à l'opposition tout en étant, en même temps, acceptable par le chef de l'Etat. Evitant ainsi, tout prétexte de sabotage ou de rejet systématique de ce qui n'est pas à son initiative.
Après plusieurs concertations à Daoukro en présence des autorités des Forces Nouvelles, ils ont décidé de devancer le chef de l'Etat sur un terrain de dialogue provoqué ; résultat d'un lobbying auprès des chefs d'Etat africains et organisations sous régionales.

Le dialogue direct, un projet du G7, est remis sur la table des propositions faites aux " amis " du Président GBAGBO qui le lui ont recommandé en toutes occasions.
Le piège était donc ouvert pour GBAGBO qui croyait là, à son bénéfice, trouvé le moyen de tourner le dos aux résolutions internationales et à leurs contraintes de partage de prérogatives constitutionnelles avec un Premier Ministre à lui imposé.
Le président Burkinabé Blaise COMPAORE, l'autre "fils" d'Houphouët-Boigny, clairement indexé dans la crise ivoirienne comme le parrain de la rébellion mais ancien partenaire idéologique de GBAGBO, promu par ailleurs à la Présidence de la CEDEAO , est l'acteur indiqué pour faire aboutir une telle démarche.
Piège acte 2 : il fallait y aller jusqu'au bout avec le positionnement d'un leader du G7 non intéressé par les élections générales à venir et ayant des pouvoirs à satisfaire l'essentiel des revendications de l'opposition dans l'élan de paix.
Le joker tout trouvé est Monsieur Guillaume SORO qui a reçu mandat et bénédictions du G7 avant son départ à OUAGA.
De ce qui précède, l'on comprend mieux la présence du RHDP à OUAGA et toute absence de blocage majeur au projet.
A l'effet de masquer son implication, en tous points de ce rendez-vous de OUAGA, le RHDP a simulé des réserves, du moins, ceux qui étaient dans le secret.
La mayonnaise de la belle comédie de rupture a si bien pris que les journaux bleus se sont empressés d'écrire depuis OUAGA que le divorce entre SORO et le RHDP était consommé.
Ceci a soufflé sur le camp présidentiel, un vent de forte sympathie voire d'admiration pour les forces nouvelles et leur leader. Toutes les résonances patriotiques se sont même alors alignées à l'idée de voir GUILLAUME SORO, le " bourreau " d'hier à la Primature dans un élan de partage équitable du pouvoir avec LAURENT GBAGBO.
Si les souffles éteints dans la violence gratuite des rues, si ce sang versé sur l'autel des intérêts égoïstes, camouflés dans une transparente toile de patriotisme nationaliste dont se servent toutes les dictatures propagandistes pouvaient revendiquer aux illuminés de la Résistance (?) leurs droits de respect et de reconnaissance, alors on entendrait leurs voix de martyrs anonymes dire aux passants " nos maîtres nous ont trahis ; mais que vive la paix pour le bon repos de nos âmes ".
Pour le G7 visité par le nouveau vent de victoire consécutif à la nomination d'un des siens aux commandes de la Primature , l'essentiel reste les élections et son triomphe dans l'unité de toutes ses composantes... pour le bon repos de l'âme du président Félix HOUPHOUET Boigny et le bonheur du peuple ivoirien.
Et l'on ne se surprend guère de la déclaration du G7 dès confirmation de Monsieur SORO Guillaume au poste de 1er Ministre :
A GUILLAUME SORO,
" Le G7 lui exprime son ferme soutien et l'assure de sa disponibilité pour l'aider à mener à bien la haute mission qui vient de lui être confiée.
Le G7 adresse au premier Ministre Soro Guillaume ses v?ux sincères de succès dans cette mission devant favoriser l'organisation d'élections justes, transparentes, et ouvertes afin d'aboutir au retour à la paix en Côte d'Ivoire ".
De l'accord de OUAGA,
" Le G7 est convaincu que la mise en ?uvre de l'accord de Ouagadougou, fruit de concession mutuelle dans l'intérêt supérieur de la nation ivoirienne, salué par le peuple ivoirien et la communauté internationale, est susceptible de mettre un terme aux souffrances du peuple de Côte d'Ivoire et lui ouvrir les voies d'une vraie réconciliation nationale. "
Au peuple ivoirien,
" Le Directoire du G7 invite le peuple de Côte d'Ivoire à soutenir le premier Ministre pour la réussite de sa mission et pour la reconstruction de notre pays. "
Au " frère " Blaise COMPAORE,
" Le Directoire du G7 exprime sa profonde gratitude à son excellence le Président Blaise Compaoré du Burkina Faso, pour les efforts déployés au service de la Côte d'Ivoire et dans la sous région... "
Piège-fin !
Guy Charles WAYORO Journaliste 08177701

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