mardi 3 avril 2007 par Notre Voie

La Constitution du 1er août 2001 consacrant la Deuxième République de la Côte d'Ivoire, en son article 41, détermine, de façon claire, les rôles des acteurs politiques au sommet de l'Etat. Ainsi, est-il dit explicitement : Le président de la République est détenteur exclusif du pouvoir exécutif:
- il nomme le Premier ministre, chef de gouvernement, qui est responsable devant lui. Il met fin à ses fonctions. Le Premier ministre anime et coordonne l'action gouvernementale. Sur proposition du Premier ministre, le président de la République nomme les autres membres du gouvernement et détermine leurs attributions. Il met fin à leurs fonctions dans les mêmes conditions?.
Ceci est, nous semble-t-il, très clair. Dès lors, il nous apparaît absurde et hors d'imagination, bien que nous trouvant dans une situation d'opposition chronique, pour des raisons de guerre, que le Premier ministre nommé, en vertu de la Constitution, veuille avoir les mêmes prérogatives que le Président. Mieux, il prétendrait même se réserver des ministres de souveraineté comme butin de guerre. Rien que ça ! Tout d'abord, la formation du gouvernement ne doit pas donner lieu à un partage de gâteau. Aux indiscrétions qui se font jour ici et là, on nous annonce que le camp présidentiel (?) aurait 15 membres et le RHDP ou je ne sais encore quelle dénomination, 18 membres.
C'est justement ce que nous condamnons. Le régime de partis qui fait se dépecer le pouvoir à l'aune des chapelles politiques, donnant le reflet d'un gouvernement de cabotins pareil à un jeu de cirque dans lequel on obéit qu'au chef de son clan plus qu'au président de la République, seul détenteur exclusif du pouvoir exécutif, est-il dit dans la Constitution, soit dit en passant ?
A cela, il faut ajouter, si ce n'est pas visible à l'?il nu, les aspérités propres à la fonction du Premier ministre. On sait que ces aspérités toujours inattendues et possibles font de fois que l'on ne devrait pas cracher sur l'avenir comme certains ont eu à le faire par le passé.
Ne parlons pas du cas d'ADO et Duncan qui ne se trouvaient pas dans la même ornière que leurs maîtres de présidents, c'est-à-dire Houphouet et Bédié. Ni l'un ni l'autre n'avaient les arguments politiques à opposer en haut lieu.
Quant à Seydou Diarra, dans le premier cas, c'est-à-dire sous Guéi, il avait les baïonnettes sur la tête, il ne pouvait broncher. Dans le deuxième, Marcoussis n'était pas assez explicite pour qu'il engage le bras de fer avec le Président et son action s'en est ressentie lourdement, au point qu'en fin de compte, il a dû jeter le manche après la cognée. Les rebelles en furent énormément débités.
Ensuite, ce fut l'avènement du Prince de Morofé. Le tonitruant et gladiateur Charly. Auréolé de son passé de banquier, adoubé par une communauté internationale, il a cru que cela pouvait lui suffire pour mettre sous l'éteignoir le Woody de Mama. Que non ! Comme l'écrit justement un confrère, la politique est un métier. Il faut avoir battu les pavés de la contestation, des réprimandes de quelques pouvoirs dictatoriaux pour se faire un nom, pour mesurer la quintessence du métier, avant de jubiler de ses bienfaits.
Il s'est perdu par sa propre faute tribalo-ethnéiste dans les méandres des déchets toxiques dont les effluves l'ont remporté là où il devait jouer à l'union comme dans un vrai tandem avec celui que le peuple avait choisi et qui, d'ailleurs, le précédait sur le cycle.
Nous disons donc au nouveau locataire de la cage? que précipitation n'est pas vitesse. A vouloir forcer le destin, on tombe à côté. Et comme dit Victor Hugo : Aux aspérités du roc pendaient de longues et fines végétations?.
Ceci pour sans doute dire que les inconvénients de la fonction peuvent être égaux aux avantages si on n'y prend garde. Quand on joue à ce jeu dans la fleur de l'âge, on y perd ses illusions. Il vaut mieux cultiver ce qui peut rapporter gros demain comme au Jacpot de la LONACI qu'au jeu du trapèze sans filet. Si on loupe la branche, on risque gros en tombant. C'est ça la politique, car qui veut voyager loin ménage sa monture.

Jacques Préjean

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